Avez-vous déjà pensé à aménager un logement loué en meublé avec des pièces de mobilier iconiques du design contemporain ? L’idée peut sembler saugrenue au premier abord, ne serait-ce que d’un point de vue financier. Et pourtant, nous allons voir que cette idée est loin d’être dénuée d’intérêt.
L’objectif d’un propriétaire mettant en location un bien immobilier est généralement d’en tirer une rente ou de valoriser son patrimoine. L’impératif économique est alors de dégager un bénéfice immédiat, ou à défaut, de couvrir le remboursement de tout ou partie des mensualités du crédit si l’achat du bien immobilier a été financé via un emprunt.
Dans ces conditions, le réflexe classique du propriétaire est d’optimiser chaque poste de dépense. Et l’achat de mobilier iconique, lequel est sensiblement plus onéreux que le mobilier ordinaire, est rarement envisagé par les investisseurs. En pratique, nous allons voir que ce type d’initiative peut faire sens d’un point de vue purement économique. Mieux encore, intégrer du mobilier design iconique permet d’aller cibler une clientèle plus qualitative. Dans la seconde partie de cet article, nous donnons quelques pistes pour identifier le mobilier iconique se prêtant à ce type de stratégie, et pouvant déclencher le coup de cœur chez les locataires.
Mobilier iconique dans une location meublée : un choix économique viable ?
La table Tulipe imaginée par le designer Eero Saarinen est toujours éditée (chez Knoll). Avec son magnifique plateau en marbre, elle fait partie des meubles iconiques de la seconde moitié du XXème siècle. Il faut désormais compter plus de 4500 euros pour le modèle rond d’un diamètre de 120 cm convenant à 4 convives.
Quel investisseur pourrait se permettre de meubler un appartement avec une pièce coûtant plusieurs milliers d’euros ? Tout d’abord, il existe une clientèle pour tout niveau de prestation, depuis le studio étudiant jusqu’au meublé haut de gamme situé dans un emplacement prestigieux (centre de Paris, station balnéaire huppée, etc.) Les meubles iconiques ont naturellement vocation à rejoindre le deuxième type d’habitation. D’un point de vue financier, les meubles iconiques peuvent s’avérer plus intéressants que le mobilier à bas coût ! Nous allons vous expliquer pourquoi.
Tout d’abord, il faut avoir à l’esprit que le propriétaire n’est pas obligé d’acheter du mobilier neuf pour meubler le logement qu’il met en location. Au contraire, les meubles de seconde main sont plus économiques. S’agissant des meubles iconiques, l’équation est encore plus intéressante. Certes, les biens iconiques de seconde main se paient relativement cher, mais cette faible décote est justement leur force. Dans certains cas, la cote à la revente s’avère montante dans le temps ! À titre d’exemple, une table Tulipe de Eero Saarinen (celle citée plus haut) se trouve difficilement en dessous de 2500 euros en seconde main (pour un modèle en bon état). Et il y a fort à parier que ce prix ne diminuera plus, notamment car le prix du modèle neuf est régulièrement revu à la hausse par l’éditeur.
Du point de vue de l’investisseur, on comprend donc qu’il paie le mobilier plus cher, mais que la décote est faible voire nulle, ainsi le coût réel d’usage est beaucoup plus faible qu’il n’y paraît. Toutefois, l’acquisition du mobilier est cher, alors quel est l’intérêt d’immobiliser autant de capital dans des meubles alors que ce même capital pourrait être investi dans des placements plus productifs ? Les investisseurs immobiliers les plus avertis auront peut-être déjà trouvé l’astuce : ils peuvent amortir la valeur du mobilier à 100 % et réaliser une plus-value significative, à la revente du mobilier. On parle ici de plus-value au sens comptable : le meuble est valorisé 0 euro après quelques années d’amortissement et est revendu plusieurs centaines voire plusieurs milliers d’euros. L’avantage de cet amortissement en trompe l’œil est qu’il permet de fortement réduire le bénéfice imposable, et donc le poids des impôts.
Si l’on reprend le cas de la table Tulipe de Eero Saarinen, achetée 2500 euros en occasion, sa valeur pourra être amortie sur 5 années, soit une diminution du revenu imposable de 500 euros par an. Ce type d’amortissement est applicable dès lors que l’investisseur opte pour le statut de loueur en meublé non professionnel (LMNP) au régime réel, ou loueur en meublé professionnel (LMP) ou encore via une société civile immobilière (SCI).
Vers quel mobilier iconique se tourner ?
Le choix du mobilier doit répondre à 3 impératifs. Tout d’abord, la décote doit être très faible dans le temps, c’est justement le cas du mobilier iconique de seconde main. Le deuxième critère est que le mobilier doit présenter une bonne résistance à l’usure (au cas où un locataire ne serait pas respectueux du mobilier), nous allons revenir sur ce point plus bas. Enfin, le mobilier doit séduire les locataires. S’agissant de ce dernier point, le mobilier iconique répond parfaitement à cet objectif. Le propre du mobilier iconique est sa forte popularité.
D’un point de vue pratique, il faut donc éviter le mobilier fragile. Concrètement, évitez les assises en tissus, elles s’usent et se salissent immanquablement, même avec un locataire soigneux. De ce fait, les sofa et chaises en tissu ne constituent pas le mobilier iconique le plus intéressant pour meubler un logement mis en location. Oubliez le fauteuil Togo de la ligne Roset, oubliez également les chaises Tulipe… Aussi, certains plastiques supportent mal l’épreuve du temps, c’est par exemple le cas des chaises en polycarbonate transparentes telles que les chaises Louis Ghost de Kartell imaginées par Philippe Starck. A contrario, les chaises DSW de Charles Eames, montrent une excellente résistance. Elles ont d’ailleurs équipé certaines grandes chaînes de restauration…
En matière d’assises, les fauteuils du Corbusier modèle LC2 bénéficient d’un cuir épais, lequel résiste très bien au temps. Et pour cause, ce mobilier a été pensé dès ses origines pour un usage intensif. Les exemplaires accessibles aux visiteurs du centre Pompidou à Paris témoignent de la solidité de cette pièce iconique. Dans le même esprit, les fauteuils Barcelona de Mies Van Der Rohe sont également résistants.
Toujours dans un souci de durabilité, la Diamond chair du designer Harry Bertoia est peut-être la pièce iconique la plus robuste que vous pouvez mettre sans crainte dans une location meublée. Sa structure en acier traversera les décennies sans difficultés. Pensez toutefois à compléter ce fauteuil d’un coussin (que vous pourrez remplacer à l’occasion) pour le confort des occupants.
Pour ne prendre aucun risque, les luminaires suspendus constituent des pièces de design très intéressantes. On peut citer la suspension Vertigo de Constance Guisset, déjà un classique du design malgré son jeune âge (elle est sortie en 2010). Vendue 800 euros hors taxe en boutique, ce modèle se trouve autour de 600 euros en seconde main. Plus anciennes, on peut également citer les suspensions iconiques du designer danois Poul Henningsen (modèles PH5, Artichoke, etc.).
On pourrait citer des dizaines d’autres pièces iconiques, mais vous avez compris l’idée : opter pour du mobilier qui traverse les âges, à la fois en termes de style et de conception.
Un point intéressant à souligner est que vous n’avez pas besoin que tous les meubles de l’habitat soient des pièces iconiques. En termes de qualité perçue, quelques pièces iconiques apportent de la prestance à l’ensemble du mobilier de la pièce, fût-il plus modeste dans sa conception et son coût.
Un appartement décoré avec du mobilier de qualité permet d’accéder à une clientèle premium, laquelle dispose de revenus plus importants et est prête à dépenser davantage pour un logement plus qualitatif. Comme nous l’avons vu plus haut, l’achat de mobilier iconique peut se justifier au niveau économique. Cet intérêt est renforcé dans le sens où le logement pourra se louer à des tarifs supérieurs aux logements équipés avec du mobilier bon marché. En France, un ménage sur cent affiche des revenus supérieurs à dix mille euros par mois. Beaucoup optent pour l’achat de leur résidence, mais il y a également de nombreux hauts revenus optant pour la location, cela pour diverses raisons (location saisonnière, mobilité professionnelle, divorce, etc.) Cela représente des milliers de locataires potentiels pour des prestations haut de gamme.